Cœurs de Rouille – Justine Niogret

coeurs de rouilleRésumé :

La cité est en plein déclin. Les robots, jadis fidèles serviteurs, régressent jusqu’à devenir des machines stupides ou de terrifiants prédateurs.
Saxe est un artiste qui survit en travaillant sur les golems actionnés par magie. Dresde est une jolie automate qui n’a connu que le luxe avant que son maître l’abandonne. Tout les sépare, et pourtant ils vont partager un rêve commun : s’enfuir. Traqués par un tueur mécanique qui écorche les humains pour voler leur peau, ils se lancent dans une course peut-être sans espoir : retrouver la mythique porte ouvrant sur la liberté.

Avis :

Un prologue prometteur
Nous voici plongés in medias res dans le monde inventé par Justine Niogret. Dès l’attaque de « Cœurs de rouille » nous faisons connaissance avec Pue-la-Viande, un golem. Dans la tradition juive d’Europe orientale, le golem est un être artificiel à forme humaine que l’on dote momentanément de vie en fixant sur son front le texte d’un verset biblique. Ici pas de religion mais une forme d’Intelligence Artificielle inventée par l’homme pour le servir. Mais comme dans tout récit de science -fiction qui se respecte, une fois l’I.A. suffisamment développée elle se retourne contre son créateur. Alors l’homme l’éradique au profit d’agolems, robots moins développés qui ne font que répondre aux besoins basiques de l’humanité. Seulement voilà, Pue-la-Viande est un survivant, et a décidé de rester en vie coûte que coûte. Pour cela il se nourrit des perles de tous les êtres mécaniques qui peuplent ce monde, car dans l’univers crée par Justine Niogret tout n’est que simulacre : les arbres sont factices, les oiseaux, les rats et autres animaux croisés au fil du récit ne sont que de savantes mécaniques animées par des perles magiques produites en usine.

Une course-poursuite haletante
Un des rares humains croisé dans le roman se prénomme Saxe et travaille dans l’une de ces usines. Seulement il ne supporte plus sa condition d’ouvrier et ne rêve que de s’échapper de cette cité artificielle. Dans sa quête il tombe sur une golem, Dresde. Ou plutôt, c’est elle qui lui tombe littéralement dessus alors qu’il se reposait dans une maison à première vue inhabitée. Dresde se réveille d’un sommeil qui dure depuis que son maître est parti, il y a bien longtemps de cela. Après une mise au point quelque peu musclée entre les deux protagonistes, les voilà empruntant la même route pour découvrir la porte scellée qui pourrait leur offrir la liberté. Mais c’est sans compter la traque sans relâche que va leur faire subir Pue-la-viande.

Et le steampunk dans tout ça ?
Même si la quatrième de couverture nous annonce « la fusion entre steampunk et fantasy », nous ne sommes clairement pas dans un univers steampunk que certains qualifieraient de classique. Pas d’époque victorienne mais une cité futuriste. Si pour vous le steampunk ne se résume qu’à des robots animés par des rouages alors d’accord, mais ce n’est pas là la force du roman. Justine Niogret arrive à nous emprisonner dans son récit comme le sont Dresde et Saxe dans la cité. Seulement le lecteur avance dans le roman pour essayer de comprendre cette cité, son univers. Et ce qui est surprenant c’est que lorsque nous refermons « Cœurs de rouille » nous avons autant de questions qu’au début de notre lecture. Et cela n’a pas été pour me déplaire, bien au contraire ! Je ne crois pas qu’il faille tout expliquer pour qu’un roman soit abouti. Je sais que certains n’y ont pas trouvé leur compte, mais pour ma part tout était là : suspense, univers étrange, sublimes descriptions (la scène du musée est juste jubilatoire), robot mentalement défaillant, et humanité. La traque fait office de moteur narratif et le fait que Pue-la-viande arrive à se connecter à tous les rouages de la cité rend la lecture encore plus angoissante. Alors si vous cherchez un univers victorien, passez votre chemin, mais ce serait dommage car même si « Cœur de rouille » ne colle pas aux critères classiques du steampunk c’est un roman qui mérite qu’on s’y arrête. Un dernier mot pour vous dire de ne pas lire la quatrième de couverture qui « spoile »  un des secrets de la cité.