Interview de Cherie Priest

Cherie PriestNous avons eu la chance de rencontrer Cherie Priest (auteure de « Boneshaker » et « Clementine » aux éditions Eclipses) pour discuter science et littérature.

Pouvez-vous vous présenter ?
Je suis Lion, j’habite en Floride, et j’ai 36 ans, un mari, un poisson et un gros chat noir.

Vous considérez-vous comme une auteure steampunk ?
Oui, même si j’écris d’autres choses à côté. Cela ne me fait rien que l’on m’étiquette ainsi, et je suis même fière de faire partie de ce genre.

Quelle a été la première fois que vous avez entendu parler du steampunk ?
Sincèrement, je ne m’en souviens pas. Cela fait des décennies que le terme existe, mais seulement quatre ans que je m’implique dans cette scène et cette fiction.

Quand avez-vous décidé d’écrire du steampunk ?
En 2006, j’ai déménagé à Seattle, Washington. Après quelques années passées là-bas, il m’a semblé que je connaissais suffisamment cette ville pour écrire une histoire qui s’y déroulerait. Ce sentiment a coïncidé avec mon désir d’écrire un conte steampunk américain (car la plupart se déroulent au Royaume-Uni). Alors je m’y suis mise et il en est ressorti Boneshaker.

Le Siècle Mécanique n’est pas un classique du cadre steampunk. Pourquoi avoir décidé de ne pas situer vos livres dans un Londres Victorien ?
La raison pour laquelle j’ai voulu faire du steampunk américain est qu’on m’avait dit que c’était impossible. L’Angleterre Victorienne est une époque et un lieu parfait pour établir une histoire steampunk. Mais ce n’est pas la seule, et je voulais le prouver.

Pourquoi avez-vous décidé d’écrire un suite si différente à Boneshaker (Clémentine) avec de nouveaux personnages, un rythme soutenu et un cadre différent ?
Parce que tout ce dont j’étais sûre, c’était qu’il n’y aurait qu’un seul autre tome. Boneshaker était le dernier livre pour lequel j’étais sous contrat et je craignais que si j’en faisais une série, alors je n’aurais jamais l’occasion de terminer l’histoire. Il m’a paru plus intelligent d’en faire une suite, mais sans qu’elle en soit dépendante.

Qu’adviendra-t-il de Seattle ? Il reste, à la fin de Boneshaker, une perspective sinistre.
Il vous faudra attendre ! J’y reviendrai dans les prochains livres, c’est promis.

Aurons-nous l’occasion de rencontrer à nouveau Zeke et Briar ?
Bien sûr. Ils réapparaissent à la fin de Dreadnought, ainsi que dans Ganymède en septembre. De même, l’année prochaine, ils feront partie d’Inexplicables.

Il semble qu’il y ait deux thèmes principaux, ou questions, dans vos livres. D’un côté, les relations entre personnages et la découverte de l’autre. De l’autre côté, les dangers de la science. Pourquoi un tel intérêt pour les personnages ?
Parce que j’en ai marre des livres qui ne parlent que des machines. Je veux lire (et donc écrire) à propos des gens.

Pensez-vous que le steampunk devrait discuter de la science et des problèmes de société ?
Je crois que la fiction est plus efficace quand elle parle de la science, ainsi que de ces problèmes, alors pour quelle raison le steampunk l’éviterait-il ?

En parlant des questions de société, vous êtes active sur les réseaux sociaux et par là-même, en contact régulier avec vos lecteurs. Cela influence-t-il votre écriture ?
Pas vraiment, je crois… excepté le fait que je passe trop de temps sur internet alors que je devrais être en train d’écrire.

Imaginiez-vous que Boneshaker serait un tel succès ?
Pas le moins du monde. Avant Boneshaker, mes livres ne se vendaient pas très bien. Je croyais que personne ne le lirait, et qu’il serait le dernier que je publierai. J’ai été très surprise de cet accueil, même choquée. Cela a changé toute ma carrière.

Pour conclure, où en sont la littérature steampunk et le steampunk en général, aux États-Unis ?
Jusque là, il marche très fort. Des dizaines d’évènements sur le thème du steampunk ont éclos dans tout le pays, et chaque jour, de nouveaux livres steampunk sont publiés. J’espère que cela restera le cas, on s’amuse tellement, et j’apprécie autant la communauté que la fiction.

Interview menée par Arthur Morgan et traduite par Oriane
Photo : Caitlin Kittredge