Mythologica N°3, spécial Steampunk

Le mois de Juillet 2014 a vu poindre un très bel ouvrage dans les étagères de nos librairies favorites (Rappelons qu’il est satanique d’acheter des ouvrages neufs à partir d’un certain site web que nous ne nommerons pas mais qui concurrence déloyalement nos amis indépendants).

Nos camarades de Mythologica se sont en effet décidés à dédier le troisième numéro de leur revue à notre thématique favorite, le Steampunk. Une belle initiative que French Steampunk ne peut que soutenir et promouvoir.

Au menu, vous trouverez deux nouvelles particulièrement intéressante : La première de Johan Heliot ( propose aux lecteurs un prequel à la trilogie de la lune. Sans trop vous en dire, il est question d’une entrée en matière avec les Ishkiss, les fameux sélénites de la trilogie que nous vous recommandons de vous procurer chez Mnemos. La seconde nouvelle « Ovogénèse du vampire » est signée par Jeanne-A Debats et narre l’histoire d’un voyage dans le temps où le vampire Navarre et le juif errant Ashavérus (on vous conseille d’ailleurs la lecture de la brigade Chimérique à ce sujet) doivent empêcher quelques maléfiques modifications du cours de l’histoire. On appréciera l’intertextualité avec les aventures de Navarre le vampire mais aussi lady Corgay (qu’on a pu rencontrer dans Un an dans les airs). Suite à ces deux nouvelles steampunk, vient un entretien croisé entre les deux auteurs leurs projets respectifs, et leurs travail collaboratif sur Un an dans les airs.

Concernant le dossier consacré au steampunk, il est de bonne facture : 70 pages où les compères Etienne Barillier et Arthur Morgan (notre ancien rédac’chef). Avec quelques chapitres sur ce qu’est le steampunk, sur le costume, ou encore des interviews de Victor Sierra, Xavier Mauméjean et Didier Graffet pour De vapeur et d’acier, le dossier revient sur les rails du guide steampunk et de l’essai du Professeur Etienne avec beaucoup de redite, mais il n’en demeure pas moins très intéressant. En revanche, certains éléments novateurs feront plaisir aux passionnés que nous sommes : un article sur les jeux de rôle steampunk par Romain D’Huissier (créateur notamment du jeu de rôle de la Brigade Chimérique, encore une fois indispensable) qui manquait cruellement dans nos biblio/ludothèques. Enfin, le chapitre « Caractéristiques d’un genre mobile » est sans conteste l’élément de réflexion le plus à jour et le plus approfondi qu’on puisse trouver : Comme une réponse à notre tribune sur la dimension politique et progressiste du SP, le professeur Etienne trace l’état des lieux et les perspectives du genre. Voilà un court extrait particulièrement illustratif des propos du professeur :


« La nostalgie du passé n’est pas ipso facto la nostalgie de notre passé : le SP est une (re)création souvent fantaisiste et fort peu historique d’une période clé de notre histoire. La manière dont il s’approprie le XIXème siècle et ses valeurs est une façon de mettre en perspective notre monde moderne et d’en discuter. En cela, le steampunk est pleinement artistique et politique, mode de vie et philosophie. […] Le problème actuel du steampunk est peut-être finalement que la face la plus visible de l’iceberg est sa face ludique, esthétique, et qu’elle cache pour le moment toute la richesse thématique qu’offre la démarche rétro-futuriste. En d’autres termes, on critique le steampunk sur la foi de la connaissance de son esthétique, et non par la connaissance de son histoire et de sa diversité. »

Le reste de la revue est composée d’autres nouvelles dont nous ne parlerons pas car elles n’ont pas trait au SP, de dossiers sur quelques ouvrages (dont City Hall, Un an dans les airs et la série « Les foulards rouges » de Cécile Duquenne chez Snark). Enfin, l’ouvrage se termine sur un extrait de l’adaptation manga de Sans âme, premier roman de la saga du protectorat de l’ombrelle.

On aime :
la qualité du dossier, les dessins de Mathieu Coudray, la beauté de l’ouvrage qui vient aisément compléter notre steamothèque dans la rubrique « beaux livres / essais »
On aime moins : les chroniques (romans, manga, bd et autres) un peu trop redondantes avec le contenu du site web (déjà bien fourni en la matière), certains dérapages de la ligne éditoriale, notamment dans la rubrique musicale dont les albums chroniqués semblent plus correspondre aux gouts des chroniqueurs qu’à la revue elle même

Merci à Thomas Riquet et à toute l’équipe de Mythologica de nous avoir concocté cette revue pleine de pages et de rouages !

éditions Mythologica
320 pages
18 €