Grandville : Une uchronie policière sombre et captivante au cœur de l’Empire Français.

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« Il y a deux cents ans, l’Angleterre perdit la guerre contre Napoléon. Comme le reste de l’Europe, elle fut envahie par la France et la famille royale fut guillotinée

Bienvenue dans un monde où l’Empire Français règne sans partage depuis sa capitale rebaptisée Grandville. Mais la situation est loin d’être idyllique : les beaux quartiers au faste sans pareil de la Belle Époque peinent à dissimuler les fissures d’un Empire qui commence à vaciller, en Europe comme dans les lointaines colonies.

La contestation sociale gronde de plus en plus fort, exacerbée par les attentats des groupuscules anarchistes et les tensions ravivées avec le voisin Anglais. C’est dans ce contexte explosif que l’inspecteur LeBrock de Scotland Yard arrive dans la capitale de l’Empire pour enquêter sur une mystérieuse vague de crimes et de suicides »

Imaginez donc une ère où l’Angleterre s’incline devant Napoléon, où la France domine l’Europe de sa capitale, Grandville. Et surtout imaginez l’Europe non pas peuplée d’humains mais d’animaux anthropomorphes. C’est le tour de force de l’uchronie de Bryan Talbot qui tisse une toile riche dans laquelle les machines à vapeur d’Albert Robida côtoient les automates et les héros semblent tout droit sortis des illustrations du caricaturiste Jean Ignace Isidore Gérard, surnommé…. Grandville.

Des Personnages Animaliers et une multitude de références

L’inspecteur LeBrock est un blaireau aussi massif qu’un gorille et aussi malin qu’un renard. Il arpente les rues de Grandville avec son second Roderick Ratzi, un rat. Leur enquête nous transportent dans les méandres du pouvoir, de la politique et du terrorisme, tout en jonglant avec brio entre faux-semblants, révélations saisissantes et rebondissements inattendus.

Le théâtre graphique inventé par Talbot n’est pas sans faire penser à Blacksad pour les amateurs de BD récentes et Talbot joue avec les sources en truffant son récit de références détournées et d’allusions. On y croise Toulouse Lautrec, Gaston Lagaffe, Becassine ou encore Spirou ! L’amateur d’Art Nouveau y verra également des affiches détournées de Mucha ou d’artistes eux aussi versés dans l’anthropomorphisme, Worley ou Waller.

Certains dialogues dignes des films de Michel Audiard (et magnifiquement traduits par Philippe Touboul), saupoudrent d’une saveur particulière profondeur cette BD avec humour.

Une Esthétique particulière et Captivante

Bryan Talbot est un vétéran des comics britanniques. Il a également travaillé sur de grandes séries telles que Fables, The Sandman, Batman ou encore Judge Dredd. Il imprime son style graphique si particulier à Grandville. Alors bien-sûr, son dessin ne laisse personne indifférent et peut diviser les lecteurs (comme il divise la rédaction de French Steampunk). Si certains pourraient trouver le trait inhabituel, force est de reconnaître son originalité et son impact visuel indéniable qui porte cette bande-dessinée au panthéon de la production Steampunk.

Grandville n’est ni plus ni moins qu’un classique de la culture vaporiste !

Une Édition Soignée chez Délirium

Précédemment édité chez Bragelonne, Grandville se distingue par la qualité de la présente édition chez Délirium. Chaque tome, façonné avec soin, offre une expérience immersive, accompagnée de notes explicatives qui éclairent d’un jour nouveau l’univers créé par Talbot. Et ces couvertures sont tellement belles !

Une série incontournable

En somme, Grandville s’impose comme une saga indispensable à votre culture Steam, on vous dit ! Que vous n’aimiez ou pas le dessin de Talbot, cette série est un joyau littéraire et graphique à découvrir absolument et à savourer.

Pour tout amateur d’aventure et de récit captivant, « Grandville » promet un voyage steampunk inoubliable.

Grandville est disponible chez Délirium.


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Président et co-fondateur de l'association French Steampunk