Résumé :
Vraiment, pourquoi Brendan Doyle, jeune professeur californien, aurait-il refusé de faire à Londres cette conférence payée à prix d’or ? Comment deviner que l’attend la plus folle et la plus périlleuse des aventures ? Voyez plutôt : à peine arrivé, le voici précipité, par une mystérieuse brèche temporelle, dans les bas-fonds de Londres. De Londres en 1810 !
Sorciers, sectes et rumeurs de loup-garou… Et, nul doute, quelqu’un cherche à l’enlever sinon à le tuer ! Au hasard de sa fuite, Doyle régressera jusqu’en 1685 puis sera projeté dans l’Egypte de 1811 où des magiciens vénèrent encore le dieu Anubis. Traqué, maintes fois capturé et toujours s’échappant, il cherche à corps perdu la » brèche » du retour. Ô douce Californie d’aujourd’hui, où es-tu ?
Avis :
Des romans de K. W. Jeter, Tim Powers et James Blaylock, Les Voies d’Anubis a été le plus récompensé, avec entre autres le prix Locus et le Philip K. Dick Award. Le roman bénéficie d’une traduction française, est disponible en poche. Vous en avez déjà forcément entendu parler. Alors qu’attendons-nous ?Les Voies d’Anubis raconte les mésaventures d’un universitaire américain, Brendan Doyle, qui accompagne un groupe de touristes temporels en route pour assister à une conférence de Samuel Coleridge, à Londres, en 1810. Bien évidemment il va se retrouver bloqué dans le temps, incapable de rejoindre son époque et victime d’une série de rencontres toutes plus rocambolesques les unes que les autres.
Ainsi il affronte aussi bien la bande des mendiants de Londres, dirigée par un clown sur échasses, l’infâme Horrabin, que des sorciers égyptiens, bien décidés à modifier le cours de l’histoire afin de rendre à l’Égypte sa gloire éternelle.
Et un loup-garou.
Du steampunk ? Pas vraiment. Un peu. Il est certain que le lecteur qui lira le roman pour y chercher l’intuition géniale d’un genre à venir sera déçu. Et pourtant nous retrouvons de nombreux éléments qui seront steampunk.
- Nous avons un récit uchronique. Coleridge, Byron sont présents.
- Le récit pratique allégrement le mélange des genres. Nous passons de l’horreur des monstres qui peuplent les bas-fonds de Londres, produits abject des expériences ratées d’Horrabin, au fantastique du loup-garou et de la magie égyptienne, pour rejoindre le roman d’aventures des combats à l’épée et des courses poursuites effrénées. Avec un zeste de science-fiction pour accommoder le tout.
- Et l’humour, bien sûr. Le récit est souvent drôle, avec une mention spéciale pour la magie et ses ratées. En outre il comporte de nombreux clins d’œil, comme le bateau baptisé le Blaylock, et surtout la personne même du poète William Ashbless, invention commune de Powers et Blaylock qui date de leurs années d’université et de leur goût pour le canular littéraire (en anglais, lisez cet article qui illustre l’histoire du canular).
- Par contre ne cherchez pas de machines gigantesques, ni de dirigeables, ni de technologies basées sur la vapeur ! D’une certaine façon, le roman nous rappelle que le steampunk n’est pas que cela…
Ce qui annonce le steampunk, c’est la manière à la fois brillante et nonchalante avec laquelle Tim Powers mélange ces genres. Il ne s’encombre pas de justifier les paradoxes temporels, il ne cherche pas à nous faire comprendre les subtilités de son uchronie, ni à justifier la présence de magie. Tout est dédié au rythme du récit et au sens de l’aventure.
Et cela fonctionne parfaitement.
Je profite du temps qui me reste pour vous parler du Géographie de Sherlock Holmes, écrit à quatre mains par André-François Ruaud et Xavier Mauméjean. Il s’agit d’un superbe voyage illustré dans le Londres de Holmes. Les documents iconographiques sont de toute beauté et devraient satisfaire tous les amateurs. Maintenant vous savez quoi faire de l’argent que vous a donné votre vieille tante pour vos étrennes. N’hésitez pas à le commander directement chez l’éditeur, cela ne peut que les soutenir à se maintenir dans une telle voie de l’excellence.