Interview de Floriane Soulas, auteure de Rouille, éditions Scrineo

Couverture de Rouille, Floriane Soulas, Editions Scrineo

En plus d’obtenir le prix ActuSF de l’uchronie en 2018, cette année, Rouille a reçu le Prix Imaginales des Lycéens 2019 ! Il était impossible de ne pas interviewer Floriane Soulas, son auteure, pour ce roman steampunk français, paru aux éditions Scrineo. Nous sommes donc allés à la rencontre de la jolie rousse aux Imaginales qui a répondu avec plaisir à nos questions…

FSP : Bonjour Floriane, alors quel effet cela te fait d’être la gagnante de plusieurs prix pour ton premier roman, dont le prix imaginales des lycéens 2019 ? Comment le vis-tu ? Est-ce que cela t’as changé en tant que jeune auteure ?

Bonjour French steampunk ! Gagner des prix c’est à la fois très flippant et très gratifiant haha. Comme Rouille est mon premier roman, je ne m’attendais pas à tout ça, et j’ai encore du mal à réalisé pour être honnête. Je le vis de mieux en mieux car cela m’a surtout permis de rencontrer les lecteurs et d’échanger avec eux autour du livre et des personnages. Ça met une petite pression pour les prochains romans mais dans l’ensemble ça donne surtout envie de continuer à écrire de chouettes histoires !

FSP : Pour recréer cet univers sordide qu’est ton Paris imaginaire mêlant drogue, prostitution et enfants des rues, comment as-tu procédé ? As-tu réalisé des recherches historiques par exemple, sur les gangs français de la Belle Epoque ou la vie de prostituée ?

Ça a été assez simple car la Belle Epoque est ma période préférée de l’Histoire française, donc je la connaissais déjà bien. J’avais beaucoup lu sur le sujet, vu des expositions et fait des recherches sur le milieu de la prostitution parisienne. C’était probablement la partie la plus simple pour moi.

FSP : Est-ce ton idée de départ d’écrire un univers uchronique steampunk ou est-ce que le steampunk s’est imposé au fil de l’écriture ?

L’histoire m’est venue principalement à partir du personnage de Violante, je savais qu’elle serait une prostituée. A cette époque je venais de découvrir la littérature steampunk et j’avais écrit mes premières nouvelles dans cet univers, du coup il m’est apparu naturel de l’utiliser puisque le steampunk se place en plein dans la Belle Epoque  😉 

FSP : Entre les forains, le gang de Léon et les riches aristocrates, on trouve les Enfants de la Ferraille dans ton histoire. Entre nous, ces enfants ne seraient-ils pas inspirés des enfants perdus de Peter Pan, par hasard? Mais bon, des enfants qui auraient bien morflé et sans fée clochette, non ?

Probablement oui, les références inconscientes frappent toujours là où on ne les attend pas. J’aime cette idée de ville dans la ville, de société reconstruite. D’ailleurs,  le Paris de Violante est un amalgame de société autour de la société du dôme, chacune avec ses règles, son fonctionnement. Le fait que la Ferraille ne soit constituée que d’enfants est plus marquant. Mais c’était aussi une volonté de réalité historique car le Paris de la Belle Epoque pullulait littéralement d’orphelins. Mais comme beaucoup de choses de cette époque, on l’a occulté. Je voulais leur rendre leur place.

FSP : Violante, ton personnage principal, apparaît comme une femme forte, mais meurtrie, qui essaie de survivre dans un monde dominé par les hommes tout en cherchant son identité.  Ton roman ne comporterait-il pas un poil de féminisme ?

Absolument ! Rouille c’est une histoire de femme dans un monde d’hommes, qui décide que la place qu’on a voulu lui donner, qu’on lui a imposé, n’était pas celle à laquelle elle allait se plier. C’est une histoire d’émancipation, personnelle mais aussi des femmes, comme le montre la fin et le destin de ses compagnes de bordel. C’était assez frustrant à écrire car le steampunk s’inscrit dans une époque réelle et j’attache de l’importance à la réalité historique, ça rend l’histoire vraie. Aussi, j’ai dû me plier à cette réalité des relations hommes/femmes des années 1900. Choses dont j’aurais pu totalement m’affranchir si j’avais créé un monde de fantasy où j’aurais eu toute liberté de faire un monde totalement égalitaire puisque (époque moyenâgeuse ou pas) tout est inventé et on peut donc cordialement foutre des coups de pieds au patriarcat !

FSP : La mécanique, les expériences scientifiques, les automates sont très présents dans ce Paris uchronique. Est-ce une manière d’introduire ta passion pour les sciences, toi qui a un doctorat en génie mécanique ? Pourquoi d’ailleurs, est-ce une thématique qui ne concerne que les personnages masculins de ton roman? 

Les sciences ont une place vraiment particulière pour moi, de part ma formation scientifique oui. C’est mon métier, et aussi une passion mais je ne voulais pas que cela soit indigeste pour le lecteur.

Effectivement dans ce roman, seuls les hommes ont accès à la technologie. Comme je le disais juste avant, j’ai voulu respecter une certaine cohérence historique et peu de femmes avaient accès à ce genre de technologie. Violante, où l’une de ses compagnes, auraient probablement pu s’y essayer mais vu leur style de vie, elles n’ont ni les moyens de se fournir en matériels, ni le temps (et encore moins l’autorisation de Madeleine [NDRL: la maquerelle du bordel]) . Les enfants de la Ferraille le font, mais on ne le voit pas forcément dans ce qui est montré d’eux.

FSP : Ton deuxième roman, Les Noces de la renarde aux éditions Scrineo, situe son action dans  le japon médiéval. C’est loin du steampunk tout ça…Est-ce que tu te considères comme une auteure steampunk ou tu préfères ne pas être mise dans une catégorie ?

Je me considère comme une autrice tout court. J’adore le steampunk, c’est le genre qui m’a fait découvrir au lecteur et j’y reviendrai dans le futur, mais je n’ai pas envie d’être mise dans une catégorie parce que j’ai encore énormément d’univers à explorer. J’espère que les lecteurs apprécieront tous les voyages que je leur proposerai, qu’ils soient steampunk, fantasy ou autres !

FSP : Est-ce qu’il y aura une suite ou une histoire parallèle à Rouille dans tes futurs projets d’écriture ?

Il y aura probablement un jour une histoire dans le même univers que Rouille, mais dans un autre pays et avec de nouveaux personnages.

FSP : Si tu devais recommander ton livre, à qui le conseillerais-tu ?

Je le conseillerais à tous les lecteurs qui ont le cœur bien accroché, qui veulent découvrir un univers steampunk un peu sale avec plein de personnages ambivalents, gris, parfois surprenants vu leur rôle dans l’histoire. Je le conseillerais à tout ceux qui un jour se sont sentis piégés et ont refusé d’entrer dans la petite case qu’on leur a assigné et qui se sont battus pour en sortir !

Nous remercions Floriane Soulas de s’être prêtée au jeu de nos questions et lui souhaitons une bonne continuation dans sa carrière d’écrivain déjà bien lancée.