Le Nouveau Monde à vapeur : le retour du Professeur Layton, une analyse musicale

Professeur Layton

Annoncé depuis 2023, Le Nouveau Monde à vapeur, le prochain opus de la saga Professeur Layton, devrait sortir en 2025 sur Nintendo Switch 2, après plus de dix ans d’absence. Bien qu’entre-temps, deux jeux avec Katrielle Layton, la fille du célèbre détective, aient été lancés, ils n’ont pas rencontré le même succès. Le retour de la série s’accompagne d’une esthétique steampunk, inspirée de l’ambiance du Destin Perdu (2010).

Mais qu’en est-il de la musique ? Est-elle toujours pareille ?
Nous vous proposons d’explorer l’évolution du motif principal, qui accompagne le professeur dans ses aventures.

Professeur Layton : une saga culte !

La saga Professeur Layton, qui s’est vendue à plus de 18 millions d’exemplaires dans le monde, est un jeu de type point-and-click (cliquer pour interagir). Le joueur incarne Hershel Layton et son acolyte Luke Triton, qui doivent résoudre des énigmes pour élucider des mystères. Le but est d’explorer des environnements, interroger des personnages et utiliser des objets pour progresser dans l’histoire. Ce gameplay a fait le succès de la saga.

L’histoire du Nouveau Monde à vapeur se déroule un an après les événements du Professeur Layton et le Destin Perdu, à Steam Bison, une ville où des moteurs à vapeur avancés ont créé un monde surpassant celui de Londres. Les protagonistes entament une nouvelle aventure à la recherche de réponses, dans un décor steampunk.

La musique de Professeur Layton : est-ce de la musique steampunk ?

Oui, mais seulement si le compositeur avait l’intention de composer pour une ambiance ou un récit steampunk, ce qui est le cas, notamment pour cet opus. Cette nouvelle direction musicale vient renforcer l’atmosphère du steampunk tout en restant fidèle à l’essence du Professeur Layton.

Pourquoi analyser la musique du thème ?

Entre L’Étrange Village (2006), le premier opus de la saga, et Le Nouveau Monde à vapeur, il s’est écoulé près de 19 ans. Une bonne longévité pour un jeu vidéo qui témoigne de l’engouement constant des joueurs et joueuses. Comparé à des séries comme Zelda, qui atteint les 40 ans, Professeur Layton a aussi su conserver son public. En 19 ans, un thème se modifie plus ou moins. La musique joue un rôle-clé dans l’ambiance du jeu, et la question est : qu’est-ce qui a changé et qu’est-ce qui reste fidèle à la saga ?

L’analyse du motif principal du premier thème

Le thème original du Professeur Layton, composé par Tomohito Nishiura, se reconnaît grâce à un motif de douze notes. Ce motif n’a pas changé et reste la clé pour identifier le thème du détective.

Le début du thème

Les trois premières notes sont longues, créant un sentiment de sérénité. Le thème monte progressivement dans les aigus, puis marque une pause avant de redescendre rapidement. Il se termine sur deux notes répétées, avec un rythme plus cadencé. Ce motif calme inspire la confiance.

Les accords : une base rythmique et tonique

La mélodie principale est jouée par le violon, mais c’est la base des accords au piano qui apporte la rythmique. Dès le début, on entend un cluster – un ensemble de notes qui ne s’harmonisent pas parfaitement. Cette dissonance est légèrement atténuée par des notes rappelant la tonalité de do mineur.

Simplification des accords

Pour rendre l’analyse plus accessible, on peut simplifier cette partie. Cela nous donne deux accords distincts : do mineur et fa mineur. Cette simplification nous aide à saisir les bases de l’harmonisation du thème.

L’évolution du thème dans Le Nouveau Monde à vapeur

Le prochain jeu, Le Nouveau Monde à vapeur, conserve le même thème, mais modifie les accords pour donner une nouvelle couleur sonore.

Une couleur sonore apaisée et rassurante

Dès les premières notes, le thème semble plus posé et calme. Cela peut être interprété comme un message rassurant aux joueurs : « Malgré 10 ans d’absence, je suis toujours là. » Ce changement musical reflète la dramaturgie de la situation : l’attente du retour du professeur est amplifiée par cette musique, qui fait écho aux souvenirs des anciens jeux.

Les tensions : introduire le doute sans rompre l’harmonie

Le compositeur ajoute des tensions harmoniques subtiles :

  • L’ajout de la seconde sur l’accord de fa mineur (Fm(add2)) perturbe légèrement l’harmonie attendue, tout en maintenant une certaine stabilité. Ce procédé laytonesque introduit un doute discret dans l’oreille, sans détruire l’harmonie globale.
  • Les accords C#5 (quinte augmentée) et Db7 (accord de septième) sont étrangers à la tonalité de fa mineur. Ils créent un flottement musical et une sensation de « fausse route », mais ces tensions préparent le retour à l’harmonie.

La résolution des tensions : retour à la stabilité

Les tensions sont résolues progressivement :

  • C#5 se résout sur Eb, une descente douce qui calme l’intensité.
  • Db7 prépare un mouvement subtil vers C, créant une ambiguïté : s’agit-il d’une cadence ou d’une conclusion ?

Un retour réussi !

En changeant la tonalité et l’harmonie mais en conservant le même thème, le compositeur parvient à créer une ambiance différente, tout aussi mystérieuse et calme. Cela peut contraster avec l’excitation des fans, retrouvant le jeu de leur enfance, comme une madeleine de Proust.

Pour aller plus loin

Si vous souhaitez approfondir l’analyse de la musique de Professeur Layton, je vous recommande cette vidéo intéressante de 8-bit Music Theory.

A propos de Michaël Reibel 3 Articles
Michaël Reibel est un vaporiste diplômé en musicologie, chef de chœur et animateur radio.