Le Butterflyland, T.1 Ren(n)aissance, de Antoine Candeille

butterflyland t1Synopsis : « Bienvenue à l’hôtel Jules Verne ! » Le gros problème… c’est que je n’avais aucune idée ni de ce que je faisais dans cet « hôtel Jules Verne », ni pourquoi je venais d’être propulsé en face d’un individu à l’allure rétro-futuriste dont le regard semblait me transpercer pour pénétrer ma mémoire. Après un long silence, j’essayais pour me rassurer de l’examiner afin de savoir qui était mon mystérieux interlocuteur…et son univers enchanteur dans lequel « ce qu’un homme rêvera, un autre le réalisera ailleurs… »

Infos pratiques :
Paru chez Dr.oz  et monpetitediteur.com en 2014, série en trois tomes.


Avis : Dérives, des rêves et des espoirs…

Le début de l’histoire commence mal. Le personnage principal, (dont le prénom est identique à celui de l’auteur, clin d’oeil autobiographique ?), se retrouve dans un hôtel extraordinaire en ayant perdu la mémoire. Une situation qui serait digne d’un roman de Kafka et on attend avec impatience ce qui pourrait arriver de sérieux.

Et bien…rien ! Quand il découvre le monde dans lequel il évolue, tout apparaît comme fantastique et mystérieux. La musique est superbe, les repas délicieux, ses vêtements raffinés. Clou du spectacle, l’hôtel est démesurément grand. L’entrée est « aussi vaste que deux ou trois stades olympiques, et aussi haute qu’un immeuble de sept à huit étages ». Bref, l’ imaginaire est poussé à son paroxysme et à moins d’un grand élément perturbateur, tout va rester parfait, c’est-à-dire, bien plat.

Une intrigue simpliste

Par la suite, l’auteur use de grosses ficelles pour faire avancer l’intrigue : Les personnages se lient trop vite et trop facilement pour monter une équipe ; le personnage principal a un coup de foudre et devine par magie le prénom de son aimée ; il s’entraîne une fois à l’épée et sait déjà se battre. Antoine Candeille ne se soucie pas des cohérences car nous sommes dans un rêve et cela est bien dommage car son scénario ressemble à un roman d’apprentissage mais son héros n’a pas de gros efforts à faire pour apprendre !

Le seul moment où l’intrigue décolle est le passage absurde où Antoine Beaumont décide de consulter une voyante car personne ne veut lui dire pourquoi il est là. On tombe alors dans le classique scénario de l’élu qui est là pour sauver le monde ou le détruire, du fait même de son existence. Le livre se termine sur un cliffanger : parti vers le monde des cauchemars pour récolter des indices, il perd sa bien-aimée qui préfère rester dans ce monde.

Un monde cohérent et détaillé

Cet univers de rêve est néanmoins relativement bien construit.  Au-delà de cet aspect « merveilleux » qui est rabattu constamment par le personnage principal, on découvre un monde crée par l’être humain à travers ses rêves. Une sorte de Fantasia (cf L’histoire sans fin de Michael Ende) mélangée à du Pays Imaginaire (cf Peter Pan de Sir J.M. Barrie), mais à l’image du XIXème siècle considéré comme une époque de progrès. Ce monde permet aux humains  de garder leur imaginaire intact et de s’en servir pour faire progresser leur réalité.  Mais dans le roman, cela se réduit à imaginer quelque chose pour qu’il prenne vie.

L’exemple le plus flagrant est celui des repas : pour « dinausore » (=dîner) il faut imaginer ce que l’on souhaite manger. En soulevant le couvercle qui recouvre son assiette on découvre alors un repas de roi.

Autre exemple : Les hommes-livres qui ont appris par coeur des livres entiers, car on ne peut pas lire dans le Butterflyland.  Tout comme dans les rêves, les choses sont floues. De ce fait, le plan de la ville est réalisé à partir du système solaire et des couleurs pour le nom des rues. Une phrase mnémotechnique permet de se repérer.

Le pendant du Butterflyland est bien sûr le monde des cauchemars : AbbyssGrad. Un lieu de désolation où seules les craintes et angoisses de l’humanité subsistent. Ce monde est gouverné par l’Amiral Bleu, le grand méchant de l’histoire. Ce dernier est en quête de sang, au sens propre du terme, car aucun rêveur ne peut mourir dans le Butterflyland. Ce qu’il compte en faire par contre, on l’ignore.

Les êtres qui peuplent ce monde ont plusieurs statuts : Souvenirs (=image d’une personne décédée en rêvant qui continue à vivre et inventer dans le Butterflyland, ou à tourner en boucle), Fantanautes actuels (=vivant dans l’autre monde mais rêveur et habitant le Butterflyland) ou passés (=mort dans le monde réel mais continue d’exister dans le Butterflyland), Abyssides (= rêveur à AbbysGrad), etc…

L’ensemble est gouverné par un conseil secret pour la partie Butterflyland afin de permettre aux rêveurs de créer sans se soucier du côté organisationnel.

Un style lourd et maladroit

Malgré cette construction plutôt réussie, l’auteur cumule les maladresses stylistiques : il fait montre de verbiage, c’est-à-dire qu’il utilise beaucoup de blabla pour dire la même chose. Cela amène une lourdeur au récit. L’utilisation massive de synonymes, d’adjectifs qualificatifs et de superlatifs renforce cette lourdeur. Enfin, le personnage principal s’exprime de façon exaltée constamment, rendant la lecture ennuyeuse.

Tous ces petits désagréments empêchent le lecteur de s’impliquer dans l’imaginaire du lieu, ce qui est fort dommage.

Pour conclure, la lecture de ce roman s’avère difficile. Par endroits, on se laisse facilement emporter, mais le verbiage et les grosses ficelles gâchent considérablement sa lecture. Il reste à espérer que les tomes suivants soient meilleurs. Pour un premier roman, il y a encore des efforts à faire.


L’auteur : Antoine Candeille est un professionnel de la publicité, originaire de Béthune. Le Butterflyland est son premier livre. Il se décrit comme un « optimiste offensif et spécialiste des solutions refusant l’immobilisme ». La devise de son univers est  » Imaginer, rêver et propager des idées nouvelles pour que le monde de demain soit meilleur ». Les tomes suivants du Butterflyland ont fait l’objet d’un concours via internet. L’objectif d’Antoine Candeille est d’agrandir sa communauté de rêveurs en proposant aux internautes de participer à l’écriture de son livre. Ainsi, de nouveaux quartiers ont été crées à partir des propositions des lecteurs.