DR STEEL : People of earth

Dr Steel est un artiste américain touche-à-tout ; écrivain, musicien, dessinateur… Mais son moyen d’expression principal reste la musique. On ne s’en plaindra pas, puisqu’il est assez doué dans son genre. Et quel est-il, ce genre ? Lui se définit comme « Opéra hip-hop industriel ». Ok… tout le monde voit à quoi ça correspond au creux du tympan ? Non ? Alors on va tâcher d’éclaircir ça. Moi je rapprocherai sa musique de formations rock / metal fusion comme Dog Fashion Disco ou Mindless Self Indulgence. Soit un joyeux bordel organisé, au sein duquel l’humour, le second degré et la folie jouent un rôle prépondérant. Ah, ça ne vous aide pas plus ? Procédons par étape alors. Opéra, oui, dans le sens où la mise en scène est prépondérante ; la musique s’adapte à la trame narrative, la trame narrative de chaque titre est (plus ou moins) reliée aux autres. Hip-hop, ok, on en retrouve la scansion parfois. Industriel, aussi, quelques éléments fracassants sont catapultés dans l’univers fantasque de Dr Steel, et des riffs neo metal / indus également. Mais « People of earth » est quand même un descendant direct de Mr Bungle, lui empruntant son côté hétéroclite, gourmand de toutes les expressions musicales, de la musique de cartoon à celle de cirque, du neo classique au jazz ragtime en passant par le rock, gothique, blues ou progressif, et un poil (à gratter) de musique du monde. Dans le chant aussi d’ailleurs, on retrouve ce plaisir à varier les intonations et les styles, du plus soft au plus brutal. Et tout ça fonctionne vraiment de façon optimale. Il y a ici une intelligence de composition rare, au service d’une logique bien tordue et personnelle mais perceptible quand même. Le regret qu’on pourrait avoir, c’est celui de ne pouvoir profiter d’un vrai beau clip (pour cet album) qui mettrait tout ça en concordance. Bah, en attendant, je trouve que ce disque n’a, malgré sa patine vintage, pas pris une ride ; il est donc toujours aussi urgent de le découvrir. D’autant plus que Dr Steel a depuis mis fin à sa carrière ; une tragédie pour le steampunk !

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Paroles de l’album