Noir. Un noir si profond qu’on se demande presque s’il est voulu. Un noir qui plonge le public dans les ténèbres des abysses où règnent le silence, la méfiance et le mystère. Et puis la lumière d’une ampoule citée comme celle d’Edison. Ainsi démarre 20 000 lieues sous les mers au théâtre de la Porte Saint-Martin, adapté et mis en scène par Christian Hecq et Valérie Lesort.
S’il fallait résumer cette pièce, on commencerait par parler de ses effets. Des effets visuels et techniques usant volontairement de clair-obscur pour signifier le contraste prégnant de la vie dans un monde sous-marin où elle se fait rare. Le noir règne mais les couleurs de la faune s’invitent dans ces profondeurs avec beaucoup de poésie et d’humour.
L’humour est également porté par des comédiens d’un grand talent qui jouent l’absurde et l’aventure d’un opéra sous-marin.
Les décors enfin sont d’une beauté à couper le souffle, mariant la diversité des fonds marins au vocabulaire industriel d’une machine infernale qui s’adapte à cet univers de ténèbres loin du monde civilisé. De plus, ces décors sont changés avec une telle rapidité et discrétion qu’on croirait parfois être dans un spectacle de magie. À moins qu’il me faille changer de lunettes.
En bref, cette adaptation du grand classique de Jules Verne m’a semblé être à la croisée du théâtre et du cinéma avec un soupçon de prestidigitation que je vois comme un brillant hommage à Georges Méliès.
L’illusion est réussie, le public est conquis par Némo et son Nautilus, son équipage et ce voyage qui vaut le détour.
J’encourage donc à quiconque le pourra de vivre cette expérience d’un rêve sous-marin.
20 000 Lieues sous les Mers
Du 10 mai au 23 juillet
Théâtre de la Porte Saint Martin