Résumé :
Imaginez un passé qui aurait pu être ! Un XIXe siècle victorien soudain théâtre de l’affrontement de robots gigantesques propulsés grâce à la vapeur, des gentlemen magiciens luttant contre des créatures maléfiques — le steampunk c’est cela et encore bien d’autres folies, des rouages, du cuivre, des dirigeables, tout un imaginaire populaire entièrement revisité et réinventé, dans une étourdissante relecture des œuvres de Jules Verne et de H. G. Wells. Une nouvelle esthétique du «rétro-futur » prend son envol !
Sous la plume des meilleurs spécialistes du genre, vous saurez tout du steampunk, dans un beau livre qui s’impose comme la référence ultime sur le sujet.
Avec la participation d’Arthur Morgan.
Couverture : Futuravapeur
Illustrations de Dave Clifton, Richard ‘Datamancer’ Nagy, Prince Gigi, Sam Van Olffen, Christopher Perez.
Infos pratiques :
ISBN 978-2-36183-182-0 ; parution 2014; Editions les Moutons Electriques
Avis :
« Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? » Cette question restera sans-doute sans réponse pour celles et ceux qui ne lisent pas Philip K.Dick, mais le commun des mortels pourra tout de même énoncer cette affirmation : « Les moutons électriques » nous font rêver.
En effet, les éditions des Moutons électriques ont eu la très bonne idée de redonner un coup de jeune à leurs publications consacrées au steampunk. 5 ans ont passé depuis la publication de « Steampunk ! L’esthétique rétro-futur » d’Étienne Barillier, un nouvel ouvrage coécrit avec Raphaël Colson et tout simplement baptisé « Tout le steampunk ! ». D’ors et déjà une référence qui doit obligatoirement rejoindre la bibliothèque de nos lecteurs amateurs de rétro-futurisme.
Un beau livre pour sa collection
Tout d’abord, la principale et plus évidente des qualités de cet ouvrage, c’est son aspect extrêmement travaillé. Derrière une pochette de Futuravapeur représentant la cathédrale de Caen affublée de dirigeables sous un ciel rouge, on trouve une superbe couverture cartonnée avec un ensemble d’engrenages en relief. Une bonne surprise quand on prend le bouquin en main. Puis, en ouvrant le livre, on se retrouve totalement transporté par un panel d’illustrations (colorées, s’il vous plait !) extrêmement représentatives du mouvement steampunk. Ajoutez à cela une mise en page parfaite et pleine de jolies fioritures, vous obtiendrez un très bel objet. Rien à voir donc avec le premier ouvrage d’Étienne Barillier dont la sobriété esthétique et les images en noir et blanc allaient un peu à l’encontre de l’idée même de steampunk.
Du pareil au même ?
Tout le steampunk ! n’est pas un nouvel ouvrage mais une réédition réaugmentée à laquelle Raphaël Colson a notamment apporté des rajouts assez conséquents. Au niveau du texte, on a certes certains chapitres totalement similaires à ceux de l’essai de 2010, mais on voit aussi beaucoup de compléments apportés sur certaines thématiques (Japon, mode, etc). Le livre est d’ailleurs aussi plus accessible pour le lectorat grâce à des petits encarts thématiques mis en valeur par la mise en page. Par ailleurs, le second intéret de cet ouvrage est bien sa réactualisation : en 5 ans, le steampunk s’est vraiment développé et est apparu dans de nombreux médias sans pour autant vraiment décollé. Tout le steampunk fait donc l’état des lieux du mouvement et montre comment certaines « dérives » prévalent actuellement dans le milieu du steampunk. C’est là aussi que l’ouvrage est un peu décevant, puisque le propos principal est globalement pessimiste : A part certaines exception, la qualité de la production des dernières années et relativement de médiocre qualité. « Steampunk » devient un étiquette commercial plus qu’un véritable genre, ni un exercice de style particulièrement innovant. Colson et Barillier semblent avoir peur que le rétro-futur ne soit plus qu’une mode qui recyclera le passé jusqu’à la surexploitation de ce dernier. Une prise de position que l’on pourra trouver assez regrettable d’autant plus que l’ouvrage, aussi réfléchi soit-il, est loin d’être exhaustif sur les productions de ces dernières années, notamment les productions françaises. En évoquant des romans et BD d’outre-atlantique qui ne sont toujours pas traduites en français, certains livres francophones particulièrement intéressant passent à la trappe. Et quand les livres dont il est question sont traduits en français, il se trouve pour beaucoup d’entre sont complètement introuvables en librairie. Le lecteur pourra donc se sentir légèrement frustré. Malgré la réactualisation de l’ouvrage, on a donc dans les mains le livre le plus complet qui soit, mais ça n’est pas pour autant un ouvrage complet. Mais là n’est de toute façon pas son but. Espérons que la prochaine version du livre (en 2020 peut-être ?) fasse un bilan plus positif et plus synthétique de projets en cours et de futures traductions.
Au final, ce « Tout le Steampunk ! » doit absolument trôner au milieux de la bibliothèque de nos lecteurs. Si vous n’avez plus de place, qu’importe : faites un autodafé de tous les « romans » de Musso, Levy et Houellebecq qui encombrent votre appartement et votre esprit. Barillier et Colson nous offrent une référence absolue que l’on se doit d’avoir. Si les réflexions intellectuelles sur les fondations et origines du rétro-futur ne vous intéressent pas, on se doit tout de même de le posséder pour sa beauté graphique. Cependant, si vous cherchez uniquement des conseils de lecture, on ne saurait trop vous conseiller de vous procurer le Guide steampunk (Barillier&Morgan chez Actu-Sf) qui est nettement plus pratique, et si vous n’êtes qu’intéressé par le côté esthétique du mouvement, il vous faudra plutôt vous reporter vers la Bible Steampunk (Vandemeer&Chambers chez Bragelonne). Il y a de quoi se perdre entre les trois ouvrages, mais ils n’ont vraiment pas les mêmes vocations chacun. Il n’est donc pas stupide de les posséder tous trois. Et si l’on devait vraiment qualifier de bible l’un deux, on désignerait sans hésiter « Tout le steampunk ».
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