Ah, la belle époque du neo black metal ! Des dizaines de groupes qui, fatigués de voir la maison-mère se répéter et pédaler dans la semoule à toujours vouloir faire plus evil et plus true que le voisin, a décidé de prendre le contre-pied de tout ça et ingérer des influences sortant de l’ordinaire. Et tous les labels de proposer leur propre poulain à un public certes de niche mais avide de nouveautés. Et j’avoue que j’étais totalement passé à côté de ce disque à l’époque. Il faut dire que Le Grand Guignol est luxembourgeois, ce qui n’aide pas à la visibilité, et qu’en plus ce disque est autoproduit. Mais même des années après, ça vaut vraiment le coup de le découvrir. Vous situer la chose ? J’y vois un croisement entre le « The horror grandeur » de Morgul et le « Firestorm » de Tvangeste. Soit quelque part entre le notable et l’exceptionnel. Ce disque transpire d’une ambiance horrifique et décadente, dépeinte au travers d’une musique certes chargée d’influences heavy metal et black metal, mais où les orchestrations grandioses, les éléments de musique de cirque et les diverses incarnations vocales confèrent une coloration cirque macabre particulièrement délicieuse. Et si l’artwork ne nous met absolument pas sur cette piste, à l’écoute de ce disque on s’imagine plutôt dans une époque victorienne alternative, louvoyant au travers de ruelles sombres et mal éclairées, proie fuyante de créatures innommables. Les influences néo classiques assumées et bien rendues renforcent le côté « grand spectacle » et sont vraiment impressionnantes pour un disque sorti dans ces conditions… Même si on imagine quelles prouesses auraient pu être accomplies avec des moyens à la hauteur des compositions de « The great maddening ». Sacré soufflet tout de même !