Interview :
Pourriez-vous s’il vous plaît vous présenter en quelques mots ? Nous raconter votre enfance à Paris et comment votre passion pour l’expérimentation a commencé ?
Jean-Marc Laroche – Sculpteur. Je suis né à Paris en 1959. Des parents aimants et bienveillants qui en ont vu de toutes les couleurs, les pauvres, avec mes bêtises d’enfant et d’adolescent. À 15 ans, j’ai failli faire sauter la maison familiale avec mes expériences de chimie. J’étais particulièrement attiré par les explosifs. Mon modèle de l’époque : Gaston Lagaffe de Franquin !
Comment la découverte de « Métal Hurlant » et ses dessinateurs comme Philippe Druillet ou H.R. Giger vous ont-ils influencé dans votre parcours artistique ?
Je restais scotché sur les planches de Philippe Druillet à m’émerveiller de chaque détail de son graphisme. Quand j’ai commencé ma carrière de sculpteur, j’ai été frappé à sa porte pour lui montrer mon travail. De là, nous avons réalisé de nombreuses œuvres en collaboration, principalement des couteaux. Plus tard, c’est Giger que j’ai découvert et qui me fascine jusqu’à aujourd’hui. J’ai eu la chance de faire sa connaissance également. Ces deux artistes m’ont beaucoup influencé dans mes créations.
Si ce n’est pas trop indiscret, comment avez-vous rencontré votre femme Vilma et quelle influence a-t-elle eue sur votre travail artistique ?
En 1986, ma vie a pris un tournant décisif avec un premier voyage au Brésil. Je suis tombé amoureux du pays et de mon épouse Carioca, Vilma. À l’époque, Vilma commercialisait de l’artisanat sud-américain en Italie, en particulier des objets en résine que j’ai voulu imiter. Et c’est ainsi que j’ai commencé à vivre de la vente de mes réalisations. Je sculptais les objets en pâte époxy, Vilma assurait la teinte et la patine. Une petite entreprise artisanale florissante. Nous vendions sur les marchés, dans les concerts et les festivals de musique en France.
Comment la Mécanique Humaine et la Danse Macabre sont-elles devenues des thèmes centraux dans vos créations artistiques ?
Je reviens sur ma fascination pour l’univers biomécanique du peintre HR Giger, d’où la naissance d’une ligne de travail autour de la Mécanique Humaine. Parallèlement, je travaillais aussi avec des squelettes que je mettais en scène. Ces scènes rappelaient les motifs et le mouvement artistique de la fin du moyen âge : La Danse Macabre. J’ai donc adopté ce titre comme une deuxième ligne de travail, où je joue avec la vie, la mort et le temps qui passe.
Le mouvement steampunk est souvent associé à une esthétique rétro-futuriste mêlant éléments victoriens, industriels et mécaniques. Comment décririez-vous votre approche personnelle de l’esthétique steampunk dans vos créations artistiques ?
Je n’ai pas vraiment cherché à « Faire du Steampunk », mais j’ai toujours eu de l’intérêt pour l’horlogerie et les mécanismes anciens que je mêle à mes sculptures. Le laiton aussi est un matériau très steampunk que l’on retrouve beaucoup dans mes travaux. L’inspiration de l’esthétique des romans de Jules Verne. Tout cela concourt à des œuvres rétro-futuristes.
Pouvez-vous nous décrire votre processus de création pour donner vie à des squelettes dans vos œuvres statuaires ?
L’imagination et le dessin pour commencer. Des modèles humains pour l’étude des positions. Puis je suspends les squelettes comme des marionnettes dans mon atelier à l’aide de bouts de ficelle. Je prends de nombreuses photos comparatives pour choisir l’attitude la plus naturelle et vivante. Enfin, j’assemble les squelettes définitifs sur des armatures internes en acier.
Quelle est la signification profonde de votre travail autour de la Mort et de la Vie dans vos pièces artistiques ?
Comme dans le mouvement de la Danse Macabre, rappeler que nous sommes mortels pour donner toute sa valeur aux instants de notre vie. Dédramatiser la mort, la porter en dérision, avec humour, comme cette merveilleuse Passagère que j’emmène sur ma moto ou mon vélo.
Vos œuvres sculpturales semblent intégrer des éléments steampunk de manière originale. Quels sont les défis que vous rencontrez lorsqu’il s’agit de combiner cet univers avec vos propres inspirations artistiques ?
Les plus grands défis techniques : quand j’intègre des systèmes ou des mouvements dans des pièces comme le « Living Knife », un couteau dont le manche est une main mécanique qui prend vie et vous agrippe soudainement pour vous transformer en Serial Killer ! Ou alors cette Boite de Pandore aux mécanismes d’automate qui prend vie et s’anime quand on a le malheur de libérer son ouverture…
Y a-t-il des projets spéciaux sur lesquels vous travaillez actuellement ou que vous aimeriez réaliser à l’avenir ?
Justement, cette Boite de Pandore que j’ai commencée en 2016 et que je suis sur le point de terminer avant la fin de cette année.
Quels sont les artistes ou créateurs qui vous inspirent aujourd’hui ?
Le cinéma est sans doute ma plus grande source d’inspiration. Guillermo del Toro est mon réalisateur préféré.
Comment percevez-vous l’évolution de votre style artistique depuis vos débuts jusqu’à aujourd’hui ?
J’ai commencé avec l’artisanat en 1987 et à force de jouer l’artiste j’en suis devenu un… Ça m’a quand même pris 35 ans !
Avez-vous des conseils pour les jeunes artistes qui cherchent à suivre une voie similaire à la vôtre ?
Beaucoup de travail et de persistance. Cultiver le contact et la communication. Le sens du commerce aidera beaucoup. Aujourd’hui on peut percer sans intermédiaire, grâce aux réseaux sociaux, mais il faut bien maîtriser les outils numériques.
Plus d informations : https://www.jmlaroche.com/