Vous le savez, le bizarre ne m’effraie pas, bien au contraire ; il a même tendance à exciter mes neurones. Je ne connaissais pas Ak’Chamel, The Giver Of Illness avant d’avoir découvert un peu par hasard « The totemist ». Cette formation est aussi mystérieuse que sa musique. Vous voulez une aide de sa part pour situer sa musique ? « Shadow music » selon eux. Une indication géographique ? « The tumor in your brain » qu’ils disent. Avec ça, et le fait que la majeur partie de leur discographie est sortie en format cassette, on est servis. Et ces fausses pistes ! A l’écoute de « Firedriver », je pensais être en présence d’une autre formation extraterrestre à la Sorcerers, pratiquant un jazz mâtiné de world music, dans une ambiance embrumée et décadente (qu’on pourrait à la limite qualifier de psychédélique, même si je trouve que ce qualificatif ne colle pas vraiment ici). Que nenni, ATGOI (la flemme, comme dirait mon fils) est beaucoup plus complexe et torturé que ça. Si on peut déceler sans mal un feeling jazz, ce sont les éléments folk / world qui ressortent le plus. Et à ce niveau, le groupe ratisse large, puisque quasiment tous les continents sont concernés, pour peu que leur contribution permettent d’épaissir le mystère et de faire grandir l’aura ensorcelée de chaque titre. Car c’est bien de cela qu’il s’agit ; sorcellerie, vaudou, invocations, appelez ça comme vous voulez, mais la musique de « The totemist » nous amène aux confins de la réalité, au-delà du possible, ou du moins du concevable. Bien sûr, d’un titre à l’autre, on retrouve quelques tics communs, une tendance à la répétition et aux vocaux psalmodiés qui amplifie le côté musique ritualiste du tout. Mais ça fait partie du charme de cette musique sans âge et sans couleur, si ce n’est celle de la terre ocre, primordiale sur laquelle on se croirait revenus et des ombres noires qui traversent l’angle mort de notre champ de vision, jouant avec notre santé mentale. Sacrée découverte !