Résumé :
Comme dans Rue Farfadet, Raphaël Albert nous projette dans Panam, un Paris du 19ème siècle décalé : la Révolution française n’a pas eu lieu mais elle couve, les manifestations d’ouvriers sont nombreuses, la ville est la capitale d’un Royaume multiracial où les humains dominent des nains vaincus et des elfes réfugiés au sein de forêts impénétrables. Les centaures-taxis côtoient coches et motos à vapeur. La magie très codifiée par des mages académiciens sert à la vie de tous les jours.
Dans ce deuxième roman, Raphaël Albert reprend ses personnages là où il les a laissés. Les voilà célèbres, installés et les poches remplies. Pourtant, ils vont devoir affronter des entreprises encore plus dangereuses et malfaisantes. Tout en approfondissant son univers, l’auteur tisse une intrigue encore plus palpitante et entraînante. Nous en apprenons plus sur le destin passé de Sylvo Sylvain, les raisons de son exil ou de son amitié avec Pixel.
Notre avis :
Dans ce deuxième roman (qui fait suite à Rue Farfadet mais peut être lu indépendamment), Raphaël Albert nous plonge une nouvelle fois dans Panam, un Paris de la Belle Époque enrobé de fantastique. On retrouve avec plaisir les personnages du premier roman dans une situation bien différente. Si le premier livre semblait être introductif et un peu trop descriptif, cette nouvelle aventure est quant à elle beaucoup plus soutenue et rythmée. Fini les longs passages un peu lourds, Raphaël Albert maitrise parfaitement son sujet et maitrise beaucoup mieux la tension du roman avec de nombreuses scènes d’action, de course-poursuites et moment de combats.
Le style du polar est lui aussi très bien maitrisé par l’auteur. Même si le lecteur suspectera très vite le résultat de l’enquête, son dénouement reste malgré tout rebondissant grâce aux nombreuses scènes d’action ; et les différentes enquêtes « secondaires » de l’agence Pixel & Sylvo viennent rafraichir le récit quand lecteur risque de se lasser. On notera cependant que les quelques tentatives d’humour et l’insertion de références comiques tombent la plupart du temps à l’eau. Seul le cynisme des personnages saura esquisser un sourire sur les lèvres du lecteur. Avant le déluge n’est pas un livre drôle, et le lecteur saura l’apprécier lors de la fin du roman avec un acmé tragique totalement maitrisé.
Raphaël Albert signe donc ici un roman où il échappe aux erreurs du premier : un univers et des personnages forts, un style très facile à aborder grâce à une maitrise du style policier et des scènes d’action. Le titre « Avant le déluge » apporte intelligemment un double sens que le lecteur comprendra à la fin de la lecture. Les dernières pages totalement envoutantes de ce livre nous conduisent directement vers une introspection dans les souvenirs euphoriques du personnage tragique de Sylvo Sylvain. Le troisième roman Confessions d’un elfe fumeur de lotus sorti en juin 2014 chez Mnémos nous entraine à la suite de cette tragédie dans les souvenirs du héros. Le lecteur pourra enfin connaître la véritable histoire de l’elfe renégat dont on sait le passé traumatique sans en connaître les raisons.
Extrait : Pixel résuma la situation avec son optimisme habituel. « On va tous mourir »