Paris, 1909. La tour Eiffel est en bois blanc, les sirènes se baignent dans la Seine, des farfadets se promènent dans le bois de Vincennes… et une ligne de métro relie la ville à l’OutreMonde, le pays des fées, et à sa capitale Ambremer.
Louis Denizart Hippolyte Griffont est mage du cercle Cyan, un club de gentlemen-magiciens. Chargé d’enquêter sur un trafic d’objets enchantés, il se retrouve impliqué dans une série de meurtres. L’affaire est épineuse et Griffont doit affronter bien des dangers : un puissant sorcier, d’immortelles gargouilles et, par-dessus tout, l’association forcée avec Isabel de Saint-Gil, une fée renégate que le mage ne connaît que trop bien…
Dans la tradition du roman-feuilleton, un pur divertissement teinté d’humour, par l’auteur des Ombres de Wielstadt.
Paris. 1909. C’est la belle époque, les chapeaux melons, la tour Eiffel, Montmartre … Sauf qu’il faut désormais superposer à ce joli tableau tout un univers de magie, d’elfes, de fées et de gnomes. C’est le Paris des merveilles. Directement relié par le métro à Ambremer (la capitale de l’Outremonde), Paris est désormais le carrefour de deux mondes. Louis Denizart Hippolyte Griffont est un élégant gentilhomme parisien membre du cercle cyan, l’un des différents cercles de mages. C’est lors d’une enquête où l’on fait appel à ses talents qu’il découvre un trafic d’objets enchantés. Les ennuis s’amoncèlent peu à peu, et Griffont se retrouve mêlé à de sombres affaires bien plus importantes qu’il aurait pu le croire. Et en plus, la Baronne Isabel de Saint-Gil (enchanteresse, c’est à dire une fée renégate) semble elle-aussi trempée dans les ennuis. Or, la situation amoureuse entre ces deux protagonistes est hautement instable. Il n’en fallait pas moins pour lancer le lecteur dans des aventures trépidantes.
Avec ce roman, Pierre Pevel met en place tout un décorum à la fois historique et décalé reposant sur une question : « à quel point le monde que nous connaissons aurait été différent s’il avait croisé celui de la magie, des fées et des dragons ? » C’est donc toute une mythologie merveilleuse digne des contes d’antan que l’auteur dévoile au fur et à mesure du récit. Le lecteur découvre comment la guerre entre les dragons et les fées fit rage autrefois, comment la fée Méliane, reine d’Ambremer, gère les affaires avec le monde des hommes, mais il rencontre surtout des personnages hauts en couleurs. Comme par exemple un arbre qui observe les passants s’embrasser sur les bancs publics et qui discute avec les badauds des parcs parisiens, ou encore Azincourt, un chat-ailé espiègle et snob dont la principale caractéristique est de lire le contenu d’un livre en dormant dessus. C’est une des forces de ce roman : apporter toute une mythologie féerique à un univers riche mais sans que celle ci soit trop dense ni superficielle. C’est donc un savoureux mélange des mondes qui fait du Paris des merveilles un parfait exemple de steam-fantasy, c’est à dire un univers à mi-chemin entre le Steampunk et la Fantasy.
La seconde force du roman tient du talent de l’auteur plutôt que de son imagination. Car rappelons le : il ne suffit pas d’avoir une imagination débordante pour écrire un bon livre. Ici, Pierre Pevel fait le choix de réutiliser les codes du roman-feuilleton pour offrir au lecteur un divertissement avant tout : situation rocambolesques, courses-poursuites, intrigues, duels et révélations sont distillées dans l’ensemble du roman. Si bien que l’on ressent de manière très présente l’hommage à Alexandre Dumas. Bien que châtiée, l’écriture est cependant plus moderne : point de longues descriptions mais plutôt des dialogues, point de digressions mais au contraire des ellipses et cliffhangers qui happent la curiosité du lecteur. Ajoutez à cela tous les codes du polar (assassinats, rapts, vols et enquêtes), vous obtiendrez un roman parfaitement équilibré là où d’autres seraient tombés dans la caricature et la lourdeur.
En toute légèreté, Pierre Pevel offre donc avec les Enchantements d’Ambremer un divertissement accessible à tous mais de qualité, capable de convaincre les lecteurs occasionnels tout comme les bibliophiles. Ce premier tome du Paris des Merveilles mélange allègrement les genres et les esthétiques pour proposer une lecture riche, récréative et captivante digne d’un roman-feuilleton à l’ancienne, tout en imposant un univers qui inaugure la steam-fantasy et promet aux amateurs de Steampunk tout comme ceux de Fantasy le commencement d’une série jouissive au rythme enlevé.
Magicis in mobile, la nouvelle qui complète ce beau livre, rend hommage à Jules Verne, parrain indétrônable du steampunk. Le titre faisant référence à la locution latine « Mobilis in mobile » figurant dans le Nautilus du Capitaine Nemo. L’histoire se déroule en 1910 durant la grande inondation de Paris et permet au lecteur de rencontrer aux côtés de Griffont et Isabel de Saint-Gil le Ciné-magicien Georges Méliès. Si l’idée de base est bonne, la nouvelle manque cette fois totalement d’intérêt, sent le réchauffé et est parfaitement dispensable pour le lecteur. On ne peut pas gagner à tous les coups.
Conseil : Ne pas louper sa suite, L’élixir d’oubli