Ère victorienne, la campagne anglaise : le mystérieux M. Socrate se rend dans une galerie de monstres pour voir un magnifique spécimen dont on lui a parlé. C’est ainsi qu’il découvre Modo, nouveau-né monstrueux et difforme. Il décide de l’adopter et de l’élever lui-même. Quatorze ans plus tard, Modo a grandi dans un manoir des faubourgs de Londres, loin de toute civilisation, et surtout de tout miroir. Sans être conscient de sa difformité, il a été initié durant quatorze ans aux arts martiaux, techniques de camouflage et d’espionnage, mais aussi à la littérature, aux langues et à la géographie.
Le jour de ses quatorze ans, il est convoqué par son père adoptif, M. Socrate qui lui montre son reflet pour la première fois. Passé le choc de cette découverte, Modo comprend qu’il peut contrôler ses traits et muscles difformes pour revêtir une autre apparence l’espace de quelques minutes.
En vérité, M. Socrate a éduqué Modo en vue d’une mission bien précise. C’est ainsi qu’il emmène le jeune garçon, dissimulé sous un masque, visiter la grande ville de Londres. Alors que la calèche pénètre dans le centre, M. Socrate ouvre la porte et laisse Modo désemparé, seul dans Londres pour affronter sa première mission. Avec l’aide d’Octavia, une jeune espionne, il fera face à la terrible Confrérie de l’horloge et apprendra petit à petit l’art du métier d’espion…
Tome 2 : La cité bleue d’Icaria
Résumé :
Londres, sous l’ère victorienne. Jeune orphelin devenu espion grâce à des pouvoirs de transformation dépassant l’entendement, Modo travaille pour le compte de M. Socrate. Aidé par la belle et redoutable Octavia, il va devoir enquêter sur un nouveau mystère. Au large de l’Irlande, une demi-douzaine de navires ont déjà coulé au même point précis. Selon les dires des rares survivants, les bateaux auraient été attaqués par un monstre marin inconnu. En s’aventurant sur place, ils savent ce qui les attend. Quand le vaisseau est attaqué, Modo passe par-dessus bord. Alors que le vaisseau regagne péniblement la côte, Octavia refuse de croire que son compagnon s’est noyé.
En effet, Modo a été recueilli par le mystérieux monstre marin, qui n’est autre que L’Ictinéo, submersible ultra-perfectionné dirigé par une jeune femme, Delphine Monturiol. Celle-ci a construit une cité entière au fond de l’océan où toutes sortes d’hommes et de femmes cohabitent en parfaite égalité.
Tout d’abord bouleversé par ce monde harmonieux où sa difformité ne fait pas de lui un paria, Modo comprend rapidement qu’il n’est ici qu’un prisonnier. Il doit tout faire pour fuir l’Ictinéo. Peut-il vraiment faire confiance à Colette, la jeune espionne française, captive, comme lui ? Comment prévenir Octavia du danger alors qu’elle se rapproche de la zone fatale ? Arthur Slade signe avec La Cité bleue d’Icaria un magnifique roman d’aventures, mêlant l’univers du XIXe siècle avec des avancées technologiques modernes.
Tome 3 : L’île des damnés
Résumé :
Après ses aventures au fond de la mer face à la redoutable Mlle Hakandottir, Modo est condamné au repos, à l’extérieur de Londres.
Ce n’est qu’au bout de quelques semaines qu’il découvre sa nouvelle mission. Au programme, un temple égyptien perdu au milieu de la jungle australienne, un masque aux pouvoirs dévastateurs et un peuple de la forêt peu accueillant.
Le but : récupérer un masque construit par le Peuple de la Pluie, également convoité par la Confrérie de l’Horloge. Quiconque a tenté de s’emparer du masque a succombé à la folie.
Aidé par Octavia et M. Socrate lui-même, Modo réussira-t-il à s’emparer du masque et à éviter les pièges millénaires tendus par le Peuple de la Pluie ?
Une série steampunk hors des sentiers battus.
Série éditée aux éditions le Masque, qui réalise ici un très beau travail : pas de coquilles avérées, une bonne traduction, une identité visuelle aisément perceptible, de très belles illustrations de couvertures, très néo-pulp et un prix très compétitif !
Le moins que l’on puisse dire c’est qu’Arthur Slade ne manque pas d’imagination et sait la mettre en œuvre.
Pour faire court : cette série vous permet de suivre les aventures de deux agents, Modo, pouvant modifier physiquement son apparence et Octavia, ancienne voleuse qui travaille pour une organisation secrète britannique sous les ordres de Monsieur Socrate, ancien agent de terrain à la fin du XIXème siècle. Ils seront amenés à combattre une autre organisation, la confrérie de l’horloge, aux buts inavouables.
Sinon, voici une analyse un peu plus longue :
Imaginez un agent secret ayant la capacité de prendre n’importe quelle apparence et travaillant pour une organisation secrète destinée à sauvegarder au mieux les intérêts de L’Empire britannique au moment ou celui-ci, est à son zénith, en cette fin de XIXe siècle.
Tout commence, comme il se doit, avec un savant fou qui essaie d’améliorer l’être humain. Ces expériences ayant été jugées improductives et impossibles à mettre en œuvre par la bonne société britannique, il est en réduit à bidouiller sur des toutous bon pour sa science. Alors qu’il réussit enfin à maîtriser pleinement sa formule sur son dernier chien, une jeune femme accorte, glaciale et manchote vient lui proposer de rejoindre une société secrète qui lui fournira des fonds et des cobayes afin qu’il réussisse son grand œuvre… Bienvenue dans les noirs desseins de la confrérie de l’Horloge !
Arraché des mains de saltimbanques qui l’exhibaient comme le monstre de foire qu’il était, Modo, affublé d’une laideur sans nom et d’un physique grotesque a pourtant un don exceptionnel : Celui de pouvoir changer son apparence. Avec un peu de concentration il peut réarranger son visage, faire disparaître sa bosse, se grandir, bref devenir un parfait gentleman. Eduqué aux bonnes manières britanniques dans un manoir isolé par une gouvernante très maternelle, un serviteur hindou, le tout sous le regard bienveillant de Monsieur Socrate, notre jeune héros de 14 ans se voit précipité dans la fange londonienne afin de faire ses preuves. Quelques temps plus tard, après avoir réussi son examen de passage, notre héros revoit son mentor et dieu, Mr Socrate qui le charge en compagnie d’une charmante jeune femme, Octavia, ancienne voleuse, forte tête, et rêvant de porter des pantalons dans une société qui s’acharne à lui faire porter des jupons (ce qui n’est guère pratique pour courser les gredins) de mener l’enquête sur des disparitions inexpliqués de gamins, et sur le fait qu’une société secrète reconditionne des gentlemen britanniques afin qu’ils sapent les fondements mêmes de l’Empire !
Science sans âme, méchants crapuleux, personnages intrigants, tout est là pour vous mener à 100 à l’heure dans une atmosphère débridée et steampunk. Le premier tome pose l’ambiance et l’auteur va crescendo ensuite par rapport à ses personnages.
Ainsi, Modo, de jeune garçon malléable, un peu ballot, pas très sur de lui, s’émancipe au fur et à mesure des tomes, Octavia apporte sa gouaille, son franc parler, et montre les limites d’une société qui se veut parfaite mais enferme les femmes dans un rôle infantile. M Socrate, ancien agent secret de la Reine, de Dieu bienveillant envers ses ouailles, de père et maitre de ses agents, se révèle un homme oscillant entre professionnalisme glacial, tentative de rapprochement de ses « enfants », et besoin maladif de les contrôler comme un Dieu
jaloux.
Les méchants ne sont pas en reste, entre un docteur Hyde, créateur de monstres de cauchemar (entre autres un robot géant, un homme invisible, et des faucons mécaniques), et miss Ingrid Hakkandottir, femme glaciale à la main de fer (au sens littéral) envoyée de cette confrérie de l’Horloge, organisme dont on sait peu de choses mais qui semble disposer de crédits sans fonds et de peu de scrupules…
Avec 3 tomes parus sur 4, Arthur Slade réussit à mettre en œuvre un univers intéressant et un hommage appuyé à bon nombre de livres : si notre héros, difforme, dont la figure inspire la révulsion et l’horreur à ceux qui la contemplent, l’obligeant à porter un masque et des vêtements amples pour cacher ses difformités, peut faire songer au départ à la figure de John Merrick, alias Elephant Man, on est surpris de constater qu’il s’agit avant tout d’un hommage appuyé à… Quasimodo ! (regardez bien son nom) et donc à Victor Hugo. Les hommages appuyés à Sherlock Holmes, voire à Nero Wolfe dans le premier tome sont autant de clin d’œil, quant au nom du bon docteur Hyde, Stevenson aurait applaudi…
Le second tome, la cité bleue d’Icaria, rend hommage à 20 000 lieux sous les mers de Jules Verne avec un submersible fantastique, commandée par une jeune femme, qui fait plus songer à la Reine Emeraldas de Leiji Matsumoto qu’à une transposition au féminin du Capitaine Nemo. La cité utopique sous marine fait songer au Rapture de Bioshock (mais bien avant la chute) mais également à l’idéal utopique transposé réellement dans un non-lieu où la vie humaine est impossible ! L’homme invisible, ici, agent secret de la Confrérie de l’Horloge, porte en lui toute la folie et la démesure du livre de H. G. Wells, quand à la fin du roman, elle montre les limites de l’utopie confrontée au réel. Autre clin d’œil savoureux, une jeune femme travaillant pour les services secrets français et répondant au doux de Colette Brunet, pour la petite histoire, Jules Brunet est un officier d’artillerie français qui fût envoyé au Japon pour former l’armée impériale et dont vous connaissez l’histoire grâce au
film « Le dernier Samouraï » avec Tom Cruise !
Le troisième tome, le dernier à être sorti actuellement, nous envoie en Australie, où se cache un temple égyptien, contenant le visage d’un Dieu rendant fou ceux qui l’aperçoivent… Avec ce volume, l’auteur nous offre un véritable feu d’artifice, en menant une aventure tambour battant, et en y injectant de très bonnes trouvailles, comme un tueur impitoyable qui utilise des faucons mécaniques, fabriqués par la confrérie, pour commettre ses meurtres ; un dirigeable à vapeur (ou presque) dirigée par une jeune femme métisse ; une tribu perdue gardant le visage d’un dieu qui rend fou ce qui l’aperçoivent, et un dénouement surprenant. Mais ce qui impressionne le plus, c’est de voir l’évolution des personnages, qui montrent chacun petit à petit, tout au long des tomes, leurs fêlures, leurs rêves, leurs craintes, et leurs bons et mauvais côtés.
Gageons que le quatrième et dernier tome sera aussi bon que les précédents et bouclera de manière brillante cette série !
Attention toutefois, si M. Slade, sait très bien écrire, si l’aventure est menée tambour battant, et est fort plaisante à lire, n’oubliez pas qu’il s’agit avant tout de romans jeunesse, ainsi on peut trouver certaines ficelles un peu grosses, il est bon de se rappeler alors qu’il s’agit d’un roman d’aventures à l’âge de la vapeur, fait pour divertir le plus grand nombre et pour rendre hommage à bon nombre de romans d’aventures qui ont bercés notre jeunesse de lecteurs, ce qu’il réussit à faire très honorablement !
Arthur Slade : Les Agents de M. Socrate
Tome 1 : La confrérie de l’horloge ISBN-10: 2702434630
Tome 2 : La cité bleue d’Icaria ISBN-10: 2702434649
Tome 3 : Le peuple de la pluie ISBN-10: 270243620X
Editions du Masque – Collection MsK
Note de la rédaction : Le tome 4 étant sorti après la rédaction de cet avis, il fera l’objet d’un avis à part