Résumé:
Paris, 1863. Les Dérailleurs, monstres polymorphes venus d’ailleurs, menacent dans l’ombre de faire basculer le monde dans une autre dimension. Nadar, célèbre inventeur et photographe, tente de les arrêter en les empêchant de rassembler les trois cristaux du Fâark, entité magique dont la réunification leur garantirait le pouvoir suprême… Mathilde et Louis, orphelins d’un père aventurier mystérieusement disparu, font la connaissance de Nadar. Et les voici, malgré eux, entraînés dans l’aventure. Après avoir échappé à l’agression d’un Dérailleur, Nadar les emmène dans l’Ultramonde, un univers hors du temps et de l’espace.
Dans l’Ultramonde, les époques ne se succèdent plus chronologiquement et il règne la plus grande confusion. Nadar, Mathilde et Louis parviendront-ils à empêcher les Dérailleurs d’engloutir la réalité ? Et à obtenir des nouvelles de leur père disparu ? Des personnages attachants et beaucoup d’humour pour cette série ponctuée de références à Jules Verne.
Infos pratiques :
Dès 9 ans – 14 x 20,5 cm – 324 pages – ISBN 979-10-235-0484-2 – 12,90 euros
Après le succès certain de da trilogie Krine, publiée chez Grund, Stéphane Tamaillon se lance dans une nouvelle série romanesque tournée vers la jeunesse : L’Ultramonde. Le Seuil Jeunesse a édité Les trois pierres du Fâark, son premier tome en mai 2015.
Le personnage de Nadar tient une place de premier plan dans l’histoire : il est à la fois le gardien de nos deux jeunes héros, mais aussi celui qui leur révèle les mystères de l’existence de mondes parallèles. Que le lecteur connaisse déjà ou non ce fameux photographe aérophile, il sera forcément attiré par son caractère paternel et sa douce folie, mais aussi sa dimension dramatique liée à la gravité des événements sur la terre comme dans l’Ultramonde. Un personnage aussi fascinant aurait généralement tendance à phagocyter l’attention du lecteur, et la grande ingéniosité de Stéphane Tamaillon a justement été d’écarter ce personnage de nos deux jeunes héros, seuls, abandonnés et sans défense dans l’univers périlleux et loufoque de l’Ultramonde.
C’est effectivement dans un univers dangereux que les deux jeunes frères et sœurs se retrouvent perdus. Les rencontres qu’ils y font sont certes farfelues mais loin d’être candides. On fait face à des grands hommes de l’histoire débarquée dans l’ultramonde et dont on ne sait jamais bien mesurer la sincérité, on est poursuivi par des dinosaures et l’on rencontre bien des obstacles mortels. A bien des égards, cet univers est un savoureux mélange de Jurrasik Park et de Jumanji. Pour toutes celles et ceux qui ont grandi dans les années 90, la référence est plutôt flatteuse. Mais on peut néanmoins se demander si ce type d’univers n’est pas légèrement trop brutal pour un lectorat de 8 ans.
Concernant la qualité de l’écriture, on peut facilement faire confiance les yeux bandés (même si pour lire, c’est plus compliqué) à Stéphane Tamaillon : ses talents ne sont plus à prouver. Cependant, l’emploi régulier d’un vocabulaire riche et technique peut demander à l’enfant tout comme à l’adulte l’usage fréquent d’un dictionnaire.
Enfin, malgré toutes les qualités du récit, ce roman d’aventure peut s’avérer frustrant. Les scènes de courses-poursuites et de survie dignes d’un Robinson Crusoé dominent nettement l’histoire, et la curiosité du lecteur ne sera pas forcément récompensée : de très nombreux mystères restent en suspens à la fin du roman et les révélations se font attendre. C’est un donc un roman plein de qualités mais qui s’achève bien trop vite ; trop vite pour que la découverte de L’Ultramonde soit pleinement acquise. Le deuxième tome sera donc très bien accueilli s’il permet au lecteur de mieux comprendre les tenants et les aboutissants de cet univers très consistant.