20 000 lieues sous les mers -le plus emblématique des romans de Jules Verne– pourrait bien revenir au cinéma sous forme de film d’animation. Un film français, Môssieur ! Mais pour cela, les porteurs de projets ont besoin de vous : afin de démarcher les producteurs français et permettre le financement de cet ambitieuse épopée, un pilote de 3 minutes doit être réalisé. Afin de rendre ce pilote le plus beau possible, les rêveuses et rêveurs de tout temps sont conviés à participer à un financement participatif sur la plateforme Ulule. Quelques explications semblent nécessaire pour vous donner toutes les informations à ce sujet et permettre, on l’espère, à cette création d’aboutir.
Y a-t’il un pilote pour conduire le Nautilus… au cinéma ?
Si vous aussi avez toujours souhaité voir un nouveau film d’aventure rendre enfin un véritable hommage à Jules Verne, son capitaine Némo et le fameux Nautilus, nous vous invitons à donner votre petit coup de pouce : quelques deniers, un petit partage sur les réseaux sociaux, tout est bon pour permettre à ce projet d’émerger. L’objectif minimal est de 5000 € mais l’équipe espère bien se rapprocher des 20 000 lieues/€ pour atteindre, non pas les étoiles, mais bien les abysses.
Raphael Granier de Cassagnac est auteur de romans (Thinking Eternity et Eternity Incorporated) mais aussi le directeur de collection d’Ouroboros chez Mnémos. Il a notamment permis à Un an dans les airs et plus récemment La France Steampunk ainsi que Jadis de voir jour. Il endosse aujourd’hui la casquette de scénariste pour ce film d’animation et a très aimablement accepté de répondre à nos questions. Vous pouvez trouver son interview ci-dessous.
Interview de Raphael Granier de Cassagnac
1) Bonjour Raphael. Peux-tu nous parler de la genèse du projet ? Comment à germé l’idée dans ta tête, et comment as-tu rencontré le reste de l’équipe ?
L’idée a germé dans la tête de Thomas Guerigen, d’abord pour un projet de livre augmenté sur tablette, jusqu’à ce qu’il montre ses éléments graphiques autour de lui et que des gens du monde de l’audiovisuel lui disent : et pourquoi pas un long métrage plutôt ? Or pour se faire, il faut un scénariste. C’est Régis Jaulin, avec qui je travaillais sur Jadis, qui nous a présenté. Comme j’avais fait un bouquin sur Jules Verne (Un an dans les airs), il pensait que ça pouvait m’intéresser. Et il ne se trompait pas ! J’ai tout de suite été séduit par les images de Thomas, assez sobres, décalées et simplifiées, qui cadrent très bien avec l’ambiance sous-marine. Et puis comme on tenait au capitaine Némo mélomane et à son orgue, on a démarché Malvina Meinier, une jeune et talentueuse compositrice, qui a accepté de nous rejoindre.
2) il ne s’agit pas d’un court-métrage mais plutôt d’un pilote cherchant à convaincre les producteurs d’investir dans un projet audacieux. Peux-tu nous expliquer pourquoi vous avez choisi de passer par le biais du financement participatif ?
Pour deux raisons essentielles : d’abord parce qu’on pense qu’il nous faut de vraies images, animées, construites pour convaincre que notre projet n’est pas juste une énième adaptation de 20 000 lieues sous les mers, ce qui nous exclue un peu de schémas de financement classique. Et aussi pour aller plus vite : Thomas avait du temps à consacrer à cela dès maintenant, et on avait pas très envie d’attendre les hypothétiques réponses de producteur. Enfin, après quelques financements participatifs réussis des trois membres de la bande, on trouve assez intéressant de rencontrer un certain public, pendant la création même. La deuxième phase de financement, pour le long métrage lui-même, sera beaucoup plus classique !
3) Votre projet est une adaptation « alternative » du roman de Jules Verne : quelles modifications avez-vous décidé de faire ? Et surtout, qu’est-ce qui vous motive à moderniser cette œuvre ? Enfin, faut-il la considérer comme Steampunk ?
D’abord une mise en abime profonde : le professeur Aronnax n’est plus, c’est Jules Verne lui-même qui entreprend le voyage (et on prétendra avoir retrouvé ses écrits originaux, non censurés par Hetzel et l’époque). C’est un vrai prétexte pour moderniser l’oeuvre, et pour parler de son auteur aussi. Ses compagnons également seront différents, et on pense intégrer un personnage réel qui donnerait résolument une dimension punk à l’ensemble… Steampunk ? Ce sera à vous de nous dire si c’est steampunk, mais je crois que oui : pas de vapeur mais de l’électricité, des hublots, des hélices, des rivets, un super scaphandre inspiré de celui des frères Carmagnole, des automates (dont l’exacte humanité n’est pas encore tranchée), des costumes inspirés du XIXe, l’orgue et ses tuyaux (qui pourraient avoir un rôle dans la propulsion du Nautilus), et je m’arrête là pour l’instant. Alors steampunk or not steampunk ? Et j’allais oublié : notre Nemo aussi est un peu particulier, et on le révèle au fur et à mesure de la campagne.
4/ Pour quelles raisons avez-vous décidé de passer par l’animation plutôt que par le film le traditionnel ?
Parce que le projet est vraiment parti des images… Évidemment, le même scenario pourrait aussi se faire en film traditionnel, mais ce serait un autre projet. Et pour qu’on puisse vraiment y faire ce qu’on voudrait en terme de décors, de créatures marines et de fantastiques, ce serait sûrement très très très cher.
Propos de Raphael Granier de Cassagnac recueillis le 23/03/2016