Demandez à un panel de quidams dans la rue comment ils ou elles voient le futur. Immanquablement, la voiture volante sera évoquée. Mais cette idée n’est pas récente car déjà au XIXe siècle des illustrateurs comme Robida ont rêvé des véhicules volants. Parmi eux, un certain Jean-Marc Côté a imaginé notre société du XXIe siècle. C’est un recueil de ces projections que proposent les Editions Courtes et Longues.
Notes de l’éditeur : Rétrofutur rassemble les planches de Jean-Marc Côte illustrant les progrès scientifiques de l’an 2000 tels qu’ils étaient imaginés en 1899. On y retrouve des scènes absurdes comme « La garde à hippopotame » ou encore « La pêche au mouette » mais aussi des scènes assez réalistes de notre époque avec « La Chasse aux microbes « , « L’audition du journal » et « Le sauvetage maritime aérien ». Un regard rétrofuturiste sur la façon dont les contemporains de J. Verne et de HG Wells ont d’imaginer un avenir forcément technologique. Un livre passionnant et plein d’humour qui nous invite à faire notre propre introspection.
Retrofutur, un recueil de cartes postales presque Steampunk
Ce petit ouvrage rassemble les cartes postales créées par Jean-Marc Côté et quelques autres artistes à l’occasion de l’Exposition Universelle de 1900. Initialement prévues pour être imprimées sur le papier d’intérieur de boîte à cigares, le projet a été initié par un manufacturier de jouets lyonnais mais les illustrations ne furent jamais distribuées sous leur forme de cartes.
Une première série sera réalisée par le groupe d’artistes entre 1899 et 1900 pour l’Exposition. Puis plusieurs autres séries verront le jour dans les 10 ans qui suivirent, portant à 87 le nombre d’illustrations futuristes retro.
Les collections visaient donc à imaginer notre monde actuel, il y a un siècle. Facteur sur un petit avion, pompiers équipés d’ailes mécaniques inspirés de Vinci, aérotaxis, courses sous-marines à dos de poissons, les vignettes dépeignent les fantasmes d’une vie merveilleuse procurée par les machines.
Steampunk ? non car contrairement à ce qu’indique le titre de l’ouvrage, il n’y a pas de retrofuturisme mais un futurisme imaginé au début du XXe siècle, de l’anticipation en quelque sorte.
Digne d’intérêt ? Totalement oui. Un sacré témoignage de l’imaginaire positiviste scientifique de l’époque avec une bonne dose farfelue comme on les aime.
Un témoignage (un peu glaçant) de notre vie future
Les illustrations rassemblées dans cet ouvrage sont également un précieux témoignage sur la lucidité de nos aïeuls. La guerre n’est pas écartée, ni l’élevage intensif, en témoignent les illustrations de couveuses ou de matériel agricole automatisé. Des cartes évoquent aussi le bourrage de crâne de nos chères têtes blondes grâce à des casques reliés à une machine à moudre des livres.
C’est le décalage entre le sourire de tous les personnages (bon à part les élèves) et la réalité de ce que nous vivons dans notre société actuelle qui laisse parfois un arrière goût amer. D’ailleurs, à y regarder de plus près et à quelques rares exceptions, c’est une population plutôt aisée qui bénéficie, dans le futur, des bienfaits de la technologie.
Ces collections n’en restent pas moins un témoignage intéressant sur les ambitions de l’être humain occidental pour le siècle à venir.
Anecdote : Lors d’un passage à Paris, le célèbre auteur de Science-Fiction Isaac Asimov a chiné quelques-unes de ces illustrations. Fasciné, il passa beaucoup de temps à compléter sa collection et en fit même un livre en 1986 : Futuredays: A Nineteenth Century Vision of the Year 2000
Outre l’aspect presque patrimonial de ce petit ouvrage qui aura tout à fait sa place à côté de vos romans de Jules Verne, d’un recueil d’Albert Robida ou de votre collection Steampunk, ce livre qui vous fera forcément sourire est bourré d’idées pour les créateurs de costumes ou les auteurs en mal d’inspiration.
Retrofutur, quand le XIXe siècle invente le XXIe.
Editions Courtes et Longues
15€