Avant d’embarquer à bord de l’histoire des ballons dirigeables, il est utile de rappeler en quoi consiste cet engin. Il s’agit d’un aéronef comportant un dispositif destiné à assurer sa sustentation (un ballon rempli de gaz plus léger que l’air) et un système de propulsion lui permettant de se diriger. Cela exclut donc les montgolfières et ballons à gaz qui subissent les vents et qui ne sont manœuvrables que verticalement.
L’histoire des dirigeables, tout comme celle des ballons à air chaud, débute en France. L’année suivant le premier vol d’une montgolfière en 1783, un officier français du nom de Jean-Baptiste Marie Meusnier cherche à contrôler le vol d’un ballon. Il conçoit le premier dirigeable pilotable composé d’une enveloppe allongée, de moteurs à hélices et d’un gouvernail. Bien que richement documenté, en l’absence de moteur à cette époque, ce projet ne sera jamais réalisé et restera à l’état de dessin.
C’est un peu moins d’un siècle plus tard, en 1852, qu’Henri Giffard, un ingénieur français, imagine et construit le premier dirigeable. Il est rempli d’hydrogène et mu par un moteur à vapeur lui permettant de parcourir 27 km à la vitesse de 9km/h.
Le 8 octobre 1883, le ballon dirigeable Tissandier parti des ateliers aérostatiques d’Auteuil survole le bois de Boulogne à une altitude de 500m et à une vitesse de 1 km/h ! Toutefois, le vent s’étant levé, le dirigeable dont le gouvernail était rudimentaire ne put contrôler correctement sa direction.
Le 9 août 1884, près d’un an après le dirigeable des frères Albert et Gaston Tissandier, le dirigeable La France s’élève dans les airs à Meudon. A son bord ont pris place le capitaine du génie Charles Renard et le capitaine d’infanterie Arthur Krebs travaillant ensemble depuis 6 années. A l’aide de leur engin, ils vont parcourir 7,6 Km en 23 minutes. C’est la première fois qu’un engin volant part, vole et revient à son point de départ.
Mais le créateur qui marquera de son nom l’histoire des dirigeables est sans conteste le comte allemand Ferdinand Von Zeppelin. La légende raconte que c’est en 1863, lors d’un voyage aux Etats-Unis, qu’il eut l’idée d’un ballon dirigeable. Il aurait, en effet, été très impressionné par un ballon captif mais fut déçu par la limite qu’il représentait.
Après avoir créé sa propre société en 1899, il crée en 1900 le premier dirigeable à cadre rigide, le LZ1 (ces initiales signifient Luftschiff Zeppelin en Allemand soit « dirigeable Zeppelin » en Français). Mais le 5 août 1908 à Echterdingen (aux environs de Stuttgart), le dirigeable du comte Zeppelin, le LZ4, est arraché de ses ancres par l’orage et la nacelle heurte violemment le sol. Le moteur explose et le ballon prend feu. Cela stoppe momentanément le développement des Zeppelins.
Mais l’histoire des dirigeables est en marche et elle va atteindre sa maturité en ce début de XX° siècle. A cette époque, de nombreux inventeurs vont eux aussi se lancer dans cette folle aventure, notamment aux Etats-Unis, Thomas Scott Baldwin en 1905.
À Paris, dans les années 1900-1910, les pionniers Alberto Santos-Dumont et Adolphe Clément-Bayard s’illustrent par leurs vols au-dessus de la ville.
En 1910 est créée en Allemagne la première compagnie commerciale de transport aérien régulier : la société DELAG. A la même époque, le comte Zeppelin comprend l’intérêt militaire du dirigeable. Et malgré la vulnérabilité de l’engin, entre 1914 et 1918, l’armée allemande lui passera commande de près de 67 Zepellin dans un but d’observation mais aussi afin de bombarder Londres et Paris. La Première Guerre Mondiale sera un véritable incubateur d’idées et de technologie pour les dirigeables.
A la fin de la Première Guerre Mondiale, les technologies ont suffisamment avancées et l’intérêt des dirigeables n’est plus à démontrer. On entre alors dans l’âge d’or des dirigeables, véritable paquebots de l’espace, mais cela est une autre histoire…