Résumé:
L’automobile n’a jamais été inventée. On parcourt le monde en ballons, dirigeables et autres aérostats. En cette année 1912 monsieur Louis Lépine, préfet de Seine et père du célèbre concours, s’embarque dans une drôle d’affaire. Des morts qui s’animent et enlèvent de belles dames et de savants messieurs (ou l’inverse). Des moteurs étranges qui soufflent le feu et le froid. Des automates fous et des mécaniques hantées. Une conspiration qui éclaire sinistrement les enjeux secrets de la Première Guerre mondiale.
Dans une course de Paris aux Indes, de l’Himalaya aux champs de bataille d’Ypres, un roman échevelé, qui swingue comme les premières notes d’un jazz endiablé, qui gigue comme le pont du dirigeable dans la tempête, qui siffle de vapeur sous pression et chauffe comme une section de cuivres bien lubrifiée.
Infos pratiques :
Editeur : les Moutons Electriques, parution : Novembre 2014
ISBN 978-2-36183-180-6 ; eISBN 978-2-36183-188-2
Avis :
Pour son premier roman dans les mondes de l’imaginaire, Nicolas Le Breton choisit de frapper fort en mélangeant sciemment roman d’aventure, science-fiction, fantastisque et personnages historiques revisités. Dans cet univers uchronique où le ballon d’Henri Giffard (la « giffardine ») a supplanté le moteur à explosion, on assiste à une grande aventure pleine d’action et de rebondissements. La violence, les combats et les course-poursuite sont légions dans ce roman qui se dévore de plus en plus au fur et à mesure qu’on se rapproche de la fin. Malgré une écriture au présent de l’indicatif qui peut désarçonner légèrement le lecteur mais se prête bien au scène d’actions, des formulations parfois un peu lourdes (notamment lors de dialogues un peu trop formels), ce premier roman est particulièrement réussi. En effet, alors que la plupart des auteurs francophone ont du mal à assumer l’étiquette « steampunk » (on vous invite à jeter un oeil aux interviews présentes dans Tout le steampunk ! de Barillier&Colson ou dans le Guide Steampunk de Barillier&Morgan), Nicolas Le Breton assume parfaitement le côté Pulp de son roman et fait du steampunk pour le steampunk. C’est une nouveauté dans la production francophone : l’auteur est lui même un fan de steampunk et assume parfaitement les situations rocambolesques, les personnages sans psychologie (caractérisés par leurs actions plutôt que leurs états d’âme), le manichéisme des français luttant contre les espions et les savants fous allemands. Bien évidemment, le manichéisme n’est pas total, et le lecteur saura apprécier certains personnages visiblement très caricaturaux et pourtant beaucoup plus nuancés : Ainsi, le personnage d’Alexis Carrel est un « méchant » particulièrement subtil et intéressant, autant qu’Anthelme Jullien, héros en puissance en proie à ses « démons ». D’ailleurs, le lecteur aura tendance à apprécier les nombreux personnages secondaires, pour la plupart issus de l’histoire réelle, parfois au détriment des héros du roman. En effet, Nicolas Le Breton a peut-être voulu tout mettre dans ce roman, au risque de parfois se laisser aller au name dropping. On ne s’en plaindra pas, mais les protagonistes sont nombreux dans cette histoire, et on peut regretter que l’action soit centrée sur Louis Lépine et Léontine de Laroche au détriment des personnages de second plan, pourtant extrêmement intéressants. Enfin, on apprécie volontiers les machineries, moyens de locomotion et armes rétro-futuristes inventées par l’auteur pour se démarquer de l’Histoire véritable.
En somme, Les âmes envolées est un pur produit d’imagination explosive nous rappelant avec nostalgie les palpitantes séries animées japonaises des années 80/90.
On notera aussi que le livre en tant qu’objet est particulièrement beau. C’est d’ailleurs devenu la marque de fabrique des Moutons Electriques. On doit cependant faire remarquer à l’éditeur que d’assez nombreuses coquilles se cachent dans le texte et que la quatrième de couverture n’est pas forcément très parlante pour les curieux qui seront attirés par l’ouvrage.
Avec « Pax Germanica » en sous-titre de lu roman, on s’imagine et on espère que les âmes envolées soit le premier roman d’un cycle littéraire délicieusement uchronique qui recycle les stéréotypes pulps et les clichés steampunks de manière parfaitement assumée. Les âmes envolées n’est au final qu’une introduction à un univers riche et passionnant qu’on souhaite voir se développer sous la plume de Nicolas Le Breton, à qui on souhaite bien évidemment beaucoup de succès et que l’on invite à rentrer dans le haut de liste des meilleurs romanciers steampunk francophones de ces dernières années.
Un grand coup de coeur French Steampunk !
Retrouvez aussi l’avis de Miss Chatterton, directement sur son site Portdragon.fr